En 2024, l’UE a produit 477 TWh à partir du vent. Seul le nucléaire a fait mieux, avec 649 TWh. Avec 430 TWh, le gaz est enfin dépassé.
Face à l’urgence climatique, l’Europe a amorcé une profonde transformation de son mix énergétique. Les énergies renouvelables, et l’éolien en particulier, se sont imposées comme une véritable alternative aux sources fossiles traditionnelles. La meilleure preuve: le vent est désormais la deuxième source d’électricité sur le territoire de l’Union Européenne.
Ce sont les données présentées par Jean-Luc Zanasco, responsable du développement éolien aux SIG, lors de l’assemblée générale du GREE au printemps 2025. Dans cet article, nous reprenons quelques-uns des chiffres les plus marquants de son intervention.
L’énergie éolienne, un pilier de l’électricité européenne
En 2024, l’éolien a dépassé le gaz naturel pour se hisser à la deuxième place des sources de production d’électricité dans l’Union européenne. Avec l’énergie solaire photovoltaïque (PV), la production cumulée a atteint 781 TWh: pour la première fois, c’est plus que celle issue du gaz et du charbon réunis (699 TWh).

Source: Our World in Data
Cette progression remarquable s’est accompagnée d’une diminution rapide du recours au charbon-lignite, une source énergétique parmi les plus polluantes. Depuis 2000, la production à partir du charbon dans l’UE est passée de 846 TWh à un niveau historiquement bas de 269 TWh en 2024. Alors que la Grande-Bretagne a fermé sa dernière usine de production électrique au charbon en septembre 2024, d’autres pays européens prévoient de faire de même, comme l’Espagne (2025), la France (2027) et l’Italie (2028).
L’Allemagne qui dépendait historiquement massivement du charbon et du lignite jusqu’en 2013 (288 TWh) a régulièrement et massivement baissé cette dépendance, grâce à l’éolien et au solaire, pour arriver à 106 TWh en 2024. Ce pays prévoit la sortie de ces deux sources fossiles en 2038.
Depuis 15 ans, l’Allemagne maintient une production électrique stable à partir de gaz naturel (environ 80 TWh/an). C’est ce qui permet la régulation de l’intermittence de l’éolien et du solaire.
Le charbon et le pétrole ont dominé la production européenne pendant longtemps. Ces dernières années, ils ont vu leur part reculer rapidement, même s’ils représentent encore plus de 25% de l’électricité produite dans l’UE.
Le nucléaire, bien qu’encore important dans l’UE, est dépassé par la dynamique des énergies renouvelables: en 2024, sa part était de 24%, contre 28% pour l’éolien et le solaire combinés.
Un futur moins fossile, partout sur la planète.
Les projections mondiales sont tout aussi encourageantes: selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE, 2024), la production combinée éolienne et solaire représentait 16% de l’électricité mondiale en 2024. Elle devrait atteindre 45% d’ici 2035, alors que la production annuelle d’électricité va augmenter de plus de 30%, en passant de 29’500 TWh à plus de 40’000!

Source: Agence internationale de l’énergie, scénario «politiques actuelles».
A l’heure actuelle, l’UE fait quand même partie des territoires à la pointe pour l’énergie éolienne: le vent produit 17,4% de l’électricité, c’est deux fois plus que la moyenne mondiale (8,4%). A l’inverse, le charbon reste actuellement la source la plus utilisée dans le monde avec 35%! Dans l’UE, c’est 9,8%.
Et cette poussée de l’éolien en Europe doit beaucoup à notre voisin allemand. En 2023, l’Allemagne possédait en effet près de 7% de la puissance installé sur la planète. A elle seule, elle représentait le tiers de la puissance installée dans l’UE. D’ailleurs, à l’échelle mondiale, la Chine, les États-Unis et l’Allemagne concentrent à eux trois les deux tiers de la puissance éolienne installée. Remarquons que les Etats-Unis et la Chine produisent déjà 10% de leur électricité à l’aide de l’éolien et cette part va augmenter notablement dans les années à venir.

Source: Our World in Data
Moins d’éoliennes, plus d’électricité
La technologie évolue rapidement et rend la production éolienne de plus en plus efficiente. L’exemple du parc de Elster en Allemagne est parlant: grâce au «repowering», 16 nouvelles éoliennes modernes remplacent 50 anciennes, tout en multipliant par 6 la production annuelle d’électricité de ce parc éolien et réduisant d’un tiers la surface occupée. C’est 19 fois plus d’électricité par éolienne!

Source: SIG
En Suisse, les progrès des éoliennes permettent une meilleure production. Le parc du Mont Crosin (JU) a réalisé au fil des années une modernisation ambitieuse.
Les premières éoliennes installées en 1996 produisaient environ 0.6 GWh/an, alors que les dernières installées en 2016, plus puissantes et plus efficace, produisent 5 GWh/an. En doublant la hauteur, la production par éolienne est multipliée par huit! Cette stratégie permet donc d’optimiser l’utilisation de l’espace, tout en augmentant la production d’électricité renouvelable en diminuant le nombre d’éoliennes
Eolien offshore: le règne des géantes
Même si ce sujet ne concerne pas notre pays, arrêtons-nous quelques instants sur l’évolution des éoliennes installées en mer. Dans ce domaine, les fabricants se sont lancés dans une impressionnante course à la puissance.
La plus grande éolienne européenne est celle du danois Vestas: la V236 propose une puissance de 15 MW. Pour atteindre cette puissance, l’éolienne fonctionne à l’aide de pales de 116 m de long. Au total, elle mesure environ 260 m de hauteur! Sur la photo ci-dessous, on aperçoit la taille de sa nacelle comparée aux deux personnes qui marchent en-dessous. Ce modèle est en cours d’installation dans le parc éolien de Dogger Bank (mer du Nord). Une fois achevé, il fournira environ 5% de toute l’électricité consommée par la Grande-Bretagne ou la consommation d’électricité de 6 millions de ménages.

Source: constructeurs des éoliennes
Eh bien cette éolienne est plus petite quand on la compare aux derniers modèles qui sont en cours de test en Chine. A l’heure actuelle, la MySE18 du fabricant Mingyang affiche une puissance de 18 MW, pour une hauteur totale qui frôle les 300 mètres. Ces éoliennes sont conçues pour résister à des typhons. Avec un vent en mer de 8,5 m par seconde en moyenne, une seule éolienne produit suffisamment d’électricité pour couvrir la consommation électrique de presque 100’000 habitant-es de l’Empire du Milieu.
Le vent a de l’avenir
Les chiffres sont clairs: l’énergie éolienne n’est plus une alternative marginale. Elle est déjà un acteur majeur de la transition énergétique en Europe et dans le monde. En investissant massivement dans les énergies renouvelables, l’Europe continue à réduire ses émissions de gaz à effet de serre pour construire un avenir énergétique durable.