Rencontre avec Jérôme Barras, directeur du GREE

Depuis mars 2025, Jérôme Barras a repris la direction du GREE. Ingénieur, économiste, spécialiste de l’énergie et jeune retraité, il nous parle de son parcours, de ses convictions et des défis à venir pour l’énergie éolienne en Suisse romande.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a amené à vous intéresser à l’énergie éolienne?

Je suis ingénieur électricien de formation, diplômé de l’EPFL. Après une thèse dans le domaine des réseaux électriques, j’ai travaillé une quinzaine d’années dans la finance et le conseil en entreprise, avant de revenir à mes premières amours: l’énergie. J’ai rejoint les Services industriels de Genève (SIG), où j’ai travaillé pendant 19 ans, dont 14 ans à la tête de la direction production d’électricité. Cette activité incluait l’exploitation des ouvrages hydroélectriques sur le Rhône et le développement de projets éoliens.

Je dois avouer que pendant mes études, les questions liées à l’énergie m’ont beaucoup plus enthousiasmé que les calculs et les aspects techniques. Ce retour vers l’énergie renouvelable m’a donc permis de boucler la boucle, d’une certaine manière. J’ai pu concilier mes compétences techniques, managériales et économiques avec des convictions personnelles. Parce que oui, en plus une petite fibre écologique m’accompagne depuis longtemps! La transition énergétique pour moi, ce n’est pas un slogan, c’est une conviction profonde.

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre la direction du GREE, maintenant que vous êtes à la retraite?

D’abord, je suis Valaisan. Et le Valais, c’est le pays de l’hydraulique. Quand j’étais enfant et qu’on allait faire des randonnées en montagne, on finissait toujours par tomber sur un barrage. Et ces ouvrages me fascinaient, tout comme le Rhône. Alors bien des années plus tard, en arrivant à Genève, j’ai retrouvé le Rhône. Je l’ai recueilli à la sortie du Léman pour l’accompagner jusqu’à la frontière française en faisant tourner des ouvrages hydroélectriques de manière respectueuse pour l’environnement. Les barrages, c’est notre passé et notre présent, et ils vont fonctionner encore très longtemps. Le solaire et l’énergie éolienne, c’est le futur.

Mais côté éolien, j’ai connu une part de frustration: aux SIG, nous avons démarré de nombreux projets, mais très peu ont pu aboutir. J’ai envie de continuer à m’engager pour que ces projets voient le jour. J’ai aussi eu envie de retrouver une dynamique collective. Le GREE est une association jeune, motivée, dynamique. Cela me permet de rester actif, tout en mettant mon expérience au service d’une cause à laquelle je crois profondément.

Selon vous, quels sont les principaux défis pour le développement de l’éolien en Suisse romande aujourd’hui?

Le plus grand obstacle, c’est la lenteur des procédures. Entre les recours, les incertitudes juridiques et une certaine frilosité politique, les projets prennent un temps démesuré. Parfois, le temps que prennent les parcs à être véritablement construits est si long que les modèles d’éoliennes prévus ne sont plus disponibles. Ou au contraire, ils sont dépassés, mais les nouveaux modèles plus performants ne peuvent pas être installés parce qu’ils ne correspondent pas au permis de construire. Heureusement, la législation évolue pour accélérer les procédures. Le système des gabarits actuellement discuté au niveau politique devrait aussi aider: avec cette approche, ce ne seraient plus des modèles précis d’éoliennes qui seraient autorisés par un permis de construire, mais des dimensions. De quoi pouvoir bénéficier des dernières innovations technologiques.

Mais au-delà des aspects juridiques et administratifs, il y a aussi un défi humain: garder la motivation des équipes de développeurs. Suivre un projet pendant 10 à 15 ans demande beaucoup de persévérance. Enfin, il faut lutter contre une certaine désinformation. Il est important de rétablir les faits et de montrer que les producteurs d’électricité issus des collectivités publiques agissent d’abord dans l’intérêt général.

Quelles seront vos priorités à la tête du GREE dans les mois à venir?

Ma première priorité est d’écouter les membres et les partenaires du GREE. L’association a beaucoup évolué depuis sa création. Il y a de nouveaux membres, un nouveau contexte économique et politique, et probablement que les attentes et les besoins des membres ont aussi évolué.

Je veux comprendre ce que chacun attend du GREE aujourd’hui, comment améliorer son fonctionnement, afin de mieux répondre à ces besoins. Il y aura aussi un travail de clarification des rôles entre le GREE et Suisse Eole, pour limiter les redondances et renforcer la complémentarité. Je vais prochainement rencontrer cette association pour évoquer nos rôles respectifs. Nous allons nous assurer que toute notre énergie tire à la même corde! Enfin, il me tient à cœur de renforcer les liens entre les membres, car ce sont les échanges informels, la confiance et le partage d’expérience qui font avancer les choses.

Comment voyez-vous le rôle du GREE dans les années à venir, notamment face à la transition énergétique et aux débats publics autour de l’éolien?

Le GREE n’est pas un organe de lobbying à Berne. Son rôle est plus local, plus proche du terrain. Il sert de pont entre les porteurs de projets, les élus locaux, les services industriels et la population. Il faut aider les communes à naviguer dans la complexité des projets, à comprendre les enjeux et à se sentir soutenues. Il faut aussi accompagner le débat public, sans occulter les inquiétudes, mais en apportant des informations fiables et vérifiées.

Le GREE peut aider à créer cette confiance, cette énergie collective, qui est nécessaire pour mener à bien les projets. Le défi n’est pas technique: cette partie, c’est un travail d’ingénieur et nous avons de très bons spécialistes. Le défi est d’abord humain, car un projet ne se réalisera jamais sans le soutien de la politique et de la population. Il faut être à l’écoute des préoccupations et y répondre. La compensation environnementale et les efforts pour le respect du paysage qu’on a vus à Sainte-Croix, c’est un très bon exemple. C’était indispensable pour arriver au bout. Et ces projets doivent aboutir , car nous avons besoin de l’éolien comme nous avons besoin de toutes les énergies renouvelables. La transition énergétique c’est un «et», pas un «ou». L’éolien n’est pas appelé à remplacer le solaire ou l’hydraulique. C’est une question de complémentarité.

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