fbpx

Comment on choisit où installer des éoliennes?

En Suisse, l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a établi un atlas des vents qui montre les zones avec le meilleur potentiel éolien. Ce sont les crêtes du Jura, les Préalpes vaudoises et les montagnes valaisannes et grisonnes qui sont les mieux adaptées.

Pour être productive, une éolienne doit être installée… là où il y a du vent. Mais comment est-ce qu’on s’y prend pour identifier les meilleurs sites? Dans cet article, nous expliquons en détail comment les mesures sont réalisées et ce qu’elles ont permis d’apprendre. Nous parlons aussi des régions les mieux adaptées à la production d’énergie éolienne.

Une éolienne commence à tourner dès que le vent dépasse 3 mètres par seconde (environ 10 km/h) et s’arrête lorsqu’il dépasse 25 mètres par seconde (environ 90 km/h), pour des raisons de sécurité. Avant d’installer des éoliennes, il faut donc identifier les zones où on trouve le plus de vents dans ces valeurs.

Vue aériennes sur le chantier du parc éolien de Sainte-Croix. (Valentin Flauraud pour Romande Energie)

Des mesures à 80-100 mètres de haut

L’identification des zones à potentiel éolien est pilotée par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Pour cela, des spécialistes indépendants se déplacent dans différentes régions de Suisse et installent un mât de 80 à 100 mètres de haut. Ce mât est équipé de différents appareils:

  • des anémomètres pour mesurer la vitesse du vent
  • des girouettes pour mesurer la direction du vent

Le vent est plus fort et plus régulier en altitude. C’est pour ça que les éoliennes sont si hautes.

Les mâts prennent des mesures pendant une année, pour avoir une vision complète du potentiel éolien de la zone. Si des éoliennes sont installées à cet emplacement dans le futur, on saura donc comment les orienter et on pourra calculer leur production annuelle attendue.

En Suisse, les vents sont généralement plus forts et plus réguliers en hiver. C’est une bonne chose, car c’est dans cette période que nous avons besoin d’électricité. Et c’est aussi à ce moment qu’on manque d’électricité photovoltaïque et hydraulique.

Un atlas des vents en Suisse

Une fois que les mesures ont été réalisées partout en Suisse, l’OFEN a pu établir un atlas des vents de notre territoire. Cet atlas montre les vents présents par région, ainsi que les zones à potentiel éolien. Ces zones ne représentent pas un plan d’installation d’éoliennes, mais plutôt une indication générale des régions intéressantes.

L’atlas des vents montre que les principales zones les plus propices se trouvent sur les crêtes du Jura, sur le Plateau, dans es Préalpes vaudoises et les montagnes du Chablais, dans le Haut-Valais et enfin dans les Grisons.

L’atlas des vents de Suisse montre la vitesse du vent, ici à 125 m du sol.

Une planification par les cantons

L’identification des sites d’implantation de parcs éoliens est de la responsabilité des cantons. En se basant sur l’atlas des vents, ce sont donc les cantons qui devront désigner les régions adaptées à l’exploitation de l’énergie éolienne et planifier leur installation en les intégrant en plan directeur cantonal.

Cette phase implique la consultation de multiples groupes d’intérêts, parmi lesquels les communes concernées, des associations de défense de l’environnement ou de la faune, ou encore des groupements de riverains. Pour le parc éolien de Ste-Croix par exemple, un comité environnemental a permis d’associer Pro Natura et l’association Bird Life à l’ensemble du projet.

Dans la démarche de planification, les cantons doivent en effet tenir compte de toute une série d’intérêts comme la protection de l’environnement ou de la faune, de zones à caractère patrimonial, de sécurité ou de bruit. Un projet d’implantation d’éolienne suit une procédure démocratique et administrative approfondie.

Les plans directeurs cantonaux sont ensuite validés par la Confédération, ou modifiés à sa demande. Par exemple pour préserver des installations militaires, les systèmes de contrôle aérien ou les infrastructures de communication du réseau hertzien.

Vue aériennes sur le chantier du parc éolien de Sainte-Croix. (Valentin Flauraud pour Romande Energie)

Des éoliennes en plaine et dans les forêts

Aujourd’hui, les règles d’aménagement du territoire protègent les surfaces d’assolement, c’est-à-dire les bonnes terres cultivables du Plateau. Au printemps 2023, une étude de l’EPFZ a montré que ces zones offrent elles aussi un bon potentiel, car on pourrait y installer des éoliennes plus hautes et plus puissantes que celles situées en montagne.

Si l’utilisation de ces zones était autorisée, le pays aurait besoin de 300 éoliennes de moins que selon la planification actuelle. Cette approche comporterait d’autres avantages:

  • des coûts d’installation réduits puisque les zones sont plus accessibles
  • la préservation des régions alpines auxquelles tient la population

Le monde agricole suisse se déclare plutôt ouvert à l’idée d’installer des éoliennes sur les surfaces d’assolement. En effet, l’Union suisse des paysans a déclaré avoir conscience de l’importance de l’électricité éolienne dans le mix énergétique du futur. De plus, les éoliennes n’occupent qu’une faible surface au sol.

Et les forêts? A l’heure actuelle, aucun parc éolien n’a été construit en forêt en Suisse. Mais les zones boisées offrent elles aussi beaucoup d’avantages. Elles sont bien desservies par le réseau routier pour leur exploitation forestière et elles sont suffisamment éloignées des habitations. 

Un parc situé dans une forêt en Allemagne, mais tout près de nos frontières, a vu la diversité de ses plantes augmenter car la présence des éoliennes a créé plus de lisières. Toujours en Allemagne, l’observation d’autres parcs éoliens a montré que la faune s’habitue très vite et ne souffre pas de la présence d’éoliennes.

En Suisse, si l’installation d’éoliennes implique un défrichement, la même surface doit être replantée ailleurs, si possible dans la même région. Notons que le nombre d’arbres coupés n’est pas forcément un problème, puisque les forêts suisses sont régulièrement cultivées. Par exemple, à Essertines-sur-Rolle, deux éoliennes sont prévues en forêt. Leur installation représente seulement 34 à 40% d’une coupe de bois annuelle.

Parc éolien de Sainte-Croix. (Valentin Flauraud pour Romande Energie)

Une protection contre le bruit et les nuisances

Contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays, la réglementation suisse n’impose pas de distance minimale entre des éoliennes et des habitations. Dans notre pays, c’est principalement le bruit qui détermine si une éolienne est trop près ou non des zones habitées.

C’est donc la configuration particulière de chaque région et son influence sur la propagation du bruit qui va définir la distance. Ainsi, on peut s’assurer que le voisinage ne sera pas incommodé par des nuisances sonores. L’ombrage provoqué par la présence des éoliennes est aussi pris en compte pour préserver les riverains.

D’ailleurs, les populations qui vivent à proximité de parcs éoliens sont généralement favorables à l’éolien. Plusieurs études l’ont démontré, en Suisse et à l’étranger. Plus les habitants sont familiarisés avec l’énergie éolienne, plus l’acceptation augmente. Ainsi, l’élargissement des parcs éoliens se fait souvent sans opposition.


Sources additionnelles

Suisse Eole, La mesure et l’étude du vent pour les éoliennes

Office fédéral de l’énergie

Enquire now

Give us a call or fill in the form below and we will contact you. We endeavor to answer all inquiries within 24 hours on business days.